Journal du canton de Fribourg, 16. April 1833 — Page 3

opposition ne s étant manifestées , l assemblé ayant voté , toute quesiion cessait , toute opposition venait à tard . De ces faits bien païens , le public impartial saura déduire la conclusion , e » cas échéant faire application convenable . MAILLARDOZ , colonel fédéral ex-préfet . Fribourg , ce i 3 avril i 833 . — M . Maillardoz adresse la lettre précédente à ses anciens administrés pour justifier sa conduite et leur faire voir que le

Conseil-dEtat lui a tendu un piège ; ce qui supposerait que cette autorité était bien aise de se débarrasser de lui ; supposition qui n est pas vraisemblable puisqu elle avait dans M . Maillardoz un excellent préfet , et que d ailleurs un procédé de ce genre sérail indi gne non-seulement d un des premiers corps de lEtat , mais même d un simple particulier . Au reste la publication de la correspondance du Conseil-dEtat , a déjà détruit tout ce quil pouvait y avoir dc spécieux dans les diffé

rentes apologies que M , Maillardoz a faites dc sa conduite , d ap » ès des extraits incomplets des instructions quil avait reçues . Elles portaient expressément que si la quesiion de l éligibilité de M . AEb y , ou loutc aulre , venait à s élever dans l assemblée , il devait non-seulement en suspendre les opérations ; mais prendre les mesures nécessaires pour la conservation des bulletins . D où il résulte , que le Conseil-dKiat voulait empêcher que lassemblée ne délibérât , au lieu dc s occuper dune

« impie nomination , ce pourquoi elle était convoquée , ct que , tout en se réservant aux termes des règ lemens de 1812 et de 1833 le droit dc juger des questions qui pourraient se présenter , il professait néanmoins le p lus grand vespecl pour le vole des citoyens , puisquil avait poussé la prévoyance jusquà prescrire à M . le préfet les précautions quil avait à prendre pour la conservation et lintégrité des urnes . Il But avoir limagination bien préoccupée pour voir de lastuce dans des instruc

tions aussi claires el aussi précises . Au reste tontes les personnes présentes à lassemblée ont vu , ouontpuvoirS . E . M . lAvoyer Diesbach aller parler à M . Maillardoz au moment du dépouillement du scrutin , cl celles qui étaient les plus rapprochées ont entendu distinctement que ce respectable magistrat représentait à M . le préfet quil agisfait conlrc ses instructions Nous doutons que M . Maillardoz ose contester la vérité dc cet allégué .

Enfin une circonstance qui a \ oule aux torts de M . le préfet dans cette occasion , ct qui prouve quil na pas été fidèle au principe dimpartialité que lui dictait son caractère , cest quil a souffert que les membres du conseil communal qui sont sortis en protestant , fussent accompagnés de huées d un grand nomIre de personnes , lui dont la présence , en sa qualité dc préfet n avait d autre but que celui de faire respecter l ordre , la décence el lindépendance des opinions . Nous douions encore que M . Maillardoz contredise cette asscrlion .

Le public impartial , tout en regrettant M . Maillardoz , a compris que le pouvoir a dû se montrer sévère à son égard dans une circonstance où , sous l apparence de la simple nominalion d un curé , il ne s agissait de rien moins que d une tentative de réaction . On a élé surpris de la conduite de M . le P re et de rribourg qui , sans doute , s est trouvé , presque sans

n apercevoir enlacé dans un réseau habilement tendu . Ses antecedens diAî »« i t > ¦ ., • * . ¦ » ent honorables ; il est ami de son pays , il a trop vécu au milieu vu * - 1 • • • 1 -J • : . „ cu d nommes éclaires pour avoir les idées droites d une coterie II « • • . 1 - • ¦ 1 « M .. • *» a résiste aux ordres formels qu il avait reçus , il a cu tort ; mais n »»* • 1 • ¦ ,, • -- . , , * no «* espérons que maigre ce moment d erreur M . le colonel MaiJhrrir ., . » . 1 • 1 c • * ar « oz u esl perdu m pour Ja Suisse

ni pour son canton . Il a dû en coûter au Conseil-dEtat de révoquer un de ses meilleurs préfets ; mais nous pensons comme lui , que la dignité du gouvernement doit l emporter sur celle d un particulier .

ETRANGER . ALLEMAGNE . Francfort , 4- avril . Hier soir , enlre neuf et dix heurpSidu soir , la profonde tranquillité qui jusqu alors avait , régnéjci ., et qui faisait entrevoir pour les affaires de la foire le résultai le p lus avantageux , fui loul-à-coup troublée de la manière la plus révoltante ; deux groupes armés envahirent les deux corps r de-garde , celui de la placée » celui des conslables , dans lesquels se trouvaient renfermés tes prisonniers , aUaquèrcut de deux côlés celui de la placetuèrent les deux factionnaires ,

, s emparèrent de leurs armes , engagèrent un combat avec le fioste tuèrent le sergent qui le commandait , et parvinrent à e forcer et à délivrer les prisonniers . Lattaque dû corps-de » garde des conslables eut malheureusement le même résultat . La force armée fut forcée de céder . Là aussi , le concierge a été blessé par les assaîffans , el tous les prisonniers mis en li

berté . U troisième groupe était parvenu à s emparer du doucher delà cathédrale où déjà ils sonnaient le tocsin , lorsque deux pelolons dc militaires envoyés pour renforcer les corps-de-garde , parvinrent , après une courte lutte , à disperser le » perturbateurs . Quelques prisonniers avaient refusé de se rendre aux invitations de leurs libérateurs , d antres se sont reconstitués d eux-mêmes , et ceux qui s étaient évadés ont été arrêtés

ce malin cl reincarcercs . On a remarqué parmi les perturbateurs , un grand nombre d eludians qui depuis quelques jours abondaient dans notre ville . Il est à présumer que le coin plot avait été iramé à l extérieur . Un étudiant nommé Uupler , natif de Wundsiedel , a été arrêté après une défense opiniâtre . Un quart dheure seul a suffi pour rétablir le calme et le spectacle , loin d avoir été interrompu , a élé continué avec la plus parfaite tranquillité . Beaucoup d eludians étrangers onl été arrêtés , et les recher

ches se sont poursuivies avec loule la rigueur qu a droit d exiger la bourgeoisie contre de telles émeutes . Il est à remarquer que dans la même nuit , des troubles ont eu lieu dans les environs , cl que des paysans armés qui se dirigeaient vers nos murs , ayani trouve les portes dc la ville garnies de troupes , se sont retirés vers une des tours nommée Warie , située sur le territoire francfortois ; ils y ont commis tlt . nombreux excès . Un grand nombre détrangers ayant pris part aux trouble *

qui onl eu lieu , on a cru devoir faire fermer les portes de la ville , el faire doubler les posles pour leur rendre la retraite plus difficile . Malgré cela il paraît que p lusieurs des coupables , parmi lesquels il doit y en avoir quelques-uns de blessés , se sonl enfuis aussitôt après avoir échoué dans leur entreprise . La troupe de ligue compte 4 hommes tués el i 5 blessés ; parmi ces derniers , 5 le sont Irès-grièvement . Dans le nombre des perturbateurs arrêtés il s en trouve aussi plusieurs dont les blessures sonl très-dangereuses .

5 avril . Voici dc nouveaux détails sur les évenemens du 3 . Toul s accorde à prouver que les conspirateurs étaient presque tous des étudians étrangers . Lattaque du corps-de-garde des comptables s est faile avec , une régularité militaire ; sur un commandement , les assaillans firenl un feu de peloton en règle ; la garde surprise et fort peu nombreuse , fut obligée de céder ; p lusieurs balles ont atteint les maisons voisines . Outre l attaque qui a cu lieu à Preungcshcim contre les douaniers , une semblable attaque a élé dirig ée contre la douane

de Prcungcsheim , a une lieue cl demie de 1 lanciort . On a trouvé sur plusieurs des perturbateurs des fusées qui étaient probablement destinées à faire des signaux aux paysans armés qui marchaient sur la ville , ainsi qu a ceux quiattaquaienl les posles de douanes voisins de Francfort , Il n y a pas eu la moindre lésion des propriétés particulières dans la ville . ( Journal de Francfort . J î- ^ V